IMG_0773.JPG


Le Centre Culturel Sa Majesté Aka Amichia Pierre Amichia de Tiapoum a accueilli une  très forte délégation de plus de 70 officiels venus de Tiapoum, Nouamou et de Noé, d’officiels du ministère  de l’environnement et du développement durable, et des eaux et forêts , du Préfet de région représenté par le secrétaire général  de la préfecture de Tiapoum,  des sous-préfets, des élus locaux, de chefs de villages, notables, présidents de conseils régionaux et sénateurs. Ils ont répondu présents,  en ce matin pluvieux du mercredi 26 avril 2023, à un rendez-vous important,  aboutissement de plus de 10 ans d’efforts conjugués : Atelier de lancement officiel de la phase opérationnelle du projet d’Autonomisation en Milieu Rural pour la gestion durable de la Forêt des Marais de la Tanoé-Ehy et la sécurité alimentaire.

Les  discours d’ouverture n’ont pas manqué de souligner la  solennité de cette rencontre.

Mme YEO  Yépiri  épouse SENIN,  secrétaire générale de la Préfecture de Tiapoum, représentant le préfet de Tiapoum,  n’a pas manqué de réitérer l’importance de la FMTE pour la région et la détermination du préfet à  soutenir ce projet  d’Autonomisation en Milieu Rural.

A son tour le Professeur Inza Koné - Directeur général du CSRS a  confirmé le soutien des autorités depuis le début ainsi que ceux des partenaires, il est aussi revenu sur la  spécificité de la FMTE «  Il s’agissait d’une aventure qui se veut unique en Côte d’Ivoire. C’est vrai qu’il existe d’autres RNV  aujourd’hui en Côte d’Ivoire mais aucune n’est gérée par 11 villages. Réunir 11 villages ensemble autour d’une vision était un gros défi ! Gérer une forêt marécageuse si importante pour la conservation des primates et de la biodiversité était aussi un gros défi.»


En effet, ce fût une lutte acharnée menée par le CSRS, l’Office Ivoirien des Parcs et Réserves de Côte d’Ivoire, des ONG nationales , des communautés de 11 villages riverains, du corps préfectoral, les élus locaux, en particulier l’ex Conseil Général d’Adiaké et le conseil régional du Sud-Comoé a abouti à la signature du décret N° 2021-920 du 22 décembre 2021 portant classement de Forêt des Marais de la Tanoé-Ehy (FMTE) en Réserve Naturelle Volontaire. Cette décision formalise la préservation de l’intégrité écologique de 12 000 hectares de forêts, de dizaines d’espèces animales et végétales en danger d’extinction. En effet, de 2004 à 2006 au travers de prospections pédestres, les chercheurs du Programme de Recherche et Actions pour la Sauvegarde des Primates de Côte d’Ivoire (RASAPCI) du Centre Suisse de Recherches Scientifiques, ont pu identifier la FMTE comme un site à haute valeur de conservation de la biodiversité. La richesse biologique, socio-économique, culturelle et écologique du site en faisait aussi malheureusement la cible de très fortes pressions comme le braconnage, le prélèvement anarchique des ressources naturelles et des tentatives de défrichement à des fins agricoles. Dès lors, son classement en RNV ne peut être viable en pratique que si l’on met en place un cadre d’accompagnement holistique nécessitant une implication harmonieuse et forte des acteurs étatiques, des autres partenaires et des populations des 11 localités riveraines.


Lors de sa présentation le Dr. André Djaha, coordonnateur du RASAPCI est revenu sur les différentes étapes du fastidieux processus de classement de la FMTE en RNV, des potentialités de la FMTE et des défis pour sa conservation, comme pour dire que tous ses années d’efforts ne doivent pas être perdues, c’est maintenant qu’il faut encore plus participer pour que cette victoire soit pérenne.

Le Dr. Zadou Didié du RASAPCI a pour sa part fait une présentation sur le mode de gestion actuel de la FMTE avec un accent sur les acquis, les forces et les faiblesses de cette gestion par la Fédération des Associations Inter-villageoises de Gestion (FAIVG), présenter les opportunités offertes par le Projet AMR pour la gestion efficiente de la FMTE, de la Réserve Naturelle Volontaire (RVN)- Puis le Colonel Kouakou Kouadio Rémy, a exposé sur le rôle et le fonctionnement de l’OIPR puis enfin le Dr. Bogui Bandama Elie a illustré le rôle des femmes dans la conservation de la forêt à travers un projet de transformation et de commercialisation de manioc.


Pour financer ce projet d’autonomisation des communautés rurales en Côte d’Ivoire dont une composante porte sur la gestion durable de la FMTE au profit des riverains de cette forêt, le CSRS a obtenu un financement partiel de la Direction du Développement et de la Coopération (DDC) au travers de l’appui de l’Ambassade de Suisse en Côte d’Ivoire.

La gestion durable de la FMTE permettra ainsi de maintenir la quantité et la qualité des services que cette forêt rend à l’économie de la région tout en renforçant la cohésion sociale autour d’une vision commune. Il s’étendra sur 3 années de 2022 à 2025.


L’atelier de lancement officiel des activités de gestion de la RNV FMTE a été co-organisé par le CSRS et le Conseil Régional d’Aboisso.

Au travers des échanges qui ont suivi les présentations, on a pu constater que l’objectif de stimuler l’engagement des parties prenantes pour la gestion durable de la RNV FMTE au profit des communautés riveraines a été pleinement atteint et a permis de mettre en lumière les défis importants à régler, notamment au niveau de l’uniformisation de la protection légale dont bénéficie la FMTE en Côte d’ivoire mais pas au niveau du Ghana alors même qu’elle fait frontière avec ce pays.


AKA/Celcom