RESUME : 
L’accès aux soins et au traitement antirétroviral dans les pays du Sud à l’instar de la Côte d’Ivoire demeure problématique. Dans un contexte d’épidémie à VIH généralisée dans le pays (3,7), seulement 30 ont accès aux ARV pourtant indispensable à la survie des personnes vivant avec le sida en 2008.
Si la gratuité des ARV adoptée par l’Etat ivoirien apparait comme une stratégie d’accès universel ou de « démocratisation » de la santé pour l’Etat, elle seule ne suffira pas face aux inégalités géographiques, sociales, économiques et bien d’autres facteurs structurels et environnementaux limitant cet accès des personnes infectées à la trithérapie. Dans quelle mesure alors les stratégies mises en œuvre par les acteurs des secteurs public et communautaire manquent-elles d’assurer une équité d’accès aux soins et au traitement pour les personnes vivant avec par le VIH/sida et peuvent-elles faire davantage en Côte d’Ivoire ?
En prenant en compte les conditions différenciées introduites par les nombreuses années de crise politico-militaire dans le pays, le choix de cette étude s’est porté sur l’unité de soins ambulatoires et de conseils (USAC) à Abidjan et le centre solidarité actions sociales (CSAS) à Bouaké, les deux principales villes du pays, pour constituer les arènes d’expérimentation des hypothèses et des réflexions. A partir d’une combinaison d’approches quantitative (questionnaires) et qualitative (entretiens, groupe de discussion focalisée), ce travail analyse, dans les deux contextes et cadres, les facteurs socioéconomiques, environnementaux et structurels qui influencent l’accès aux soins et au traitement des personnes vivant avec le VIH/sida. Cette recherche se fonde sur une approche comparative et synchronique. Elle s’inscrit dans le champ de la socio-anthropologie de la santé et du VIH/sida, avec une attention particulière accordée à la transdisciplinarité, l’analyse de l’équité étant d’une pertinence similaire et interalliée pour bien d’autres domaines de la vie.
Les résultats révèlent une conscience de l’équité traduite chez les acteurs du système de soins comme l’égalité d’accès aux soins de santé pour tous. Toutefois, des facteurs structurels, économiques et sociaux dominés par un contexte où le sida demeure une maladie stigmatisant dans la mesure où le secret structure les rapports sociaux et la relation au système de santé, favorisent un accès différentié des usagers au traitement et orientent leur perception de l’équité du système de soins. 
Le renforcement des recours au capital social par les PVVIH, une plus grande attention aux facteurs environnementaux, et la mise en œuvre de mécanismes plus affinés de réduction des inégalités d’accès aux soins et au traitement par les structures de prise en charge constituent quelques-unes des stratégies recommandées pour favoriser une plus grande efficience des programmes. 


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